Je hais la pluie !

Pendant des mois, on l'a attendue. En vain. Pas une goutte n'est venue abreuver les ruisseaux qui n'en étaient plus. On la souhaitait. Sans vraiment penser à ce qu'on disait. On en avait perdu le souvenir. La pluie était devenue une abstraction nécessaire au bon équilibre de la terre, au bonheur des paysans, au repos des pompiers... Et puis, la voilà dans une violence orageuse, apportant la froidure, un ciel ténébreux et inquiétant. Et notre vie change. On n'entend plus les oiseaux le matin, le silence n'est rompu que par des roulements lointains du tonnerre ou la pluie qui cingle le plancher en bois de la terrasse. On ferme les fenêtres. On se réfugie dans un espace clos qui a du mal à contenir les corps habitués à exprimer leur vie dans un extérieur offert durant tout l'été. Les pieds, par exemple, sont le reflet précis de ce que le corps ressent dans son entier. Sans contrainte pendant des mois ou au plus dans des sandales, les voici enfermés dans des chaussures qui les blessent, espace rétréci, oppressant qui laisse augurer des longs mois frileux qui s'annoncent.
posted by Caroline Leboucq on http://cousumain.blogspot.com/

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