Conversation entendue sur le parking de mon boulot après un début d'embouteillage nécessitant quelques manœuvres.
- Excuse, je l'ai eu dans Bonux mon permis
- T'a demandé les deux barils au lieu d'un ?
Ce court dialogue est riche d'enseignements. Déjà nous sommes renseignés sur l'age des protagonistes qui pour avoir de telles références sont probablement nés à la fin des années 50 ou au début des années 60. En effet la première apparition de la lessive date de 1957, sous le nom de Bonus, qui deviendra Bonux fin 1958. Crée par Procter and Gamble (U.S.A.), première lessive à la main, multi-usages avec agents blanchissants, Bonux sera la première marque à offrir une prime. Testée tout d'abord au Mexique, cette idée de prime fit un tabac en France. Mais le premier cadeau de Bonux c'est la blancheur. "Seul Bonux donne au linge la vraie blancheur du propre", dit la publicité en 1960. On peut même le prouver grâce "à l'examen fenêtre" en 1962. En 1969, arrivent les enzymes et en 1970 Bonux est anticalcaire, de plus vendue en baril. "Un blanc si blanc qu'on dirait une couleur" "La super blancheur" c'est en 1972. Coluche n'avait pas manqué dans son sketch sur la publicité, de souligner cette surenchère de slogans souvent délirants entre marques de lessives concurrentes. Malheureusement le cadeau disparaît en 1990, suite à une loi stipulant que la prime ne doit pas dépasser un certain pourcentage du prix du produit. Le cadeau Bonux deviendra même une expression populaire, ainsi que cette phrase ô combien énigmatique : Hé.. t'a eu ton permis dans un paquet de Bonux...
De même, la notion de baril à laquelle il est fait référence ici, ne peut solliciter la mémoire des générations les plus jeunes, ce genre de conditionnement ayant disparu à la fin des années 70. Je veux bien sur parler du baril cylindrique et non de la vulgaire boite en carton qui essaie de nos jours d'usurper ce titre de "baril".
Quant à l'évocation des deux barils au lieu d'un, là encore force est d'y reconnaître une référence à cette époque ou la "réclame" diffusée sous le contrôle de la "Régie Française de Publicité" nous donnait des conseils avisés par l'intermédiaire de ménagères (pas encore de moins de 50 ans ?) respectables. "Madame, je vois que vous achetez un baril d'Ariel, si je vous le reprends et que je vous en donne deux d'une autre marque ?"
La brave ménagère répondait invariablement que " non, pas du tout, aux grands dieux, jamais elle ne sacrifierait son baril d'Ariel pour deux autres barils d'une lessive inconnue" Tout ceci au grand dam de la majorité des téléspectatrices qui elles, auraient bien aimé être choisies dans le magasin pour pouvoir accepter cette économie d'un baril de lessive quelle qu'en fut la marque.
En conclusion ces deux phrases échangées sur un parking à midi ont, à bien y réfléchir, été le déclencheur d'une réflexion sur une époque désormais révolue, où les prémices d'une société de consommation balbutiante étaient encore supportables et pour moi une madeleine de Proust tout à fait délicieuse.
- Excuse, je l'ai eu dans Bonux mon permis
- T'a demandé les deux barils au lieu d'un ?
Ce court dialogue est riche d'enseignements. Déjà nous sommes renseignés sur l'age des protagonistes qui pour avoir de telles références sont probablement nés à la fin des années 50 ou au début des années 60. En effet la première apparition de la lessive date de 1957, sous le nom de Bonus, qui deviendra Bonux fin 1958. Crée par Procter and Gamble (U.S.A.), première lessive à la main, multi-usages avec agents blanchissants, Bonux sera la première marque à offrir une prime. Testée tout d'abord au Mexique, cette idée de prime fit un tabac en France. Mais le premier cadeau de Bonux c'est la blancheur. "Seul Bonux donne au linge la vraie blancheur du propre", dit la publicité en 1960. On peut même le prouver grâce "à l'examen fenêtre" en 1962. En 1969, arrivent les enzymes et en 1970 Bonux est anticalcaire, de plus vendue en baril. "Un blanc si blanc qu'on dirait une couleur" "La super blancheur" c'est en 1972. Coluche n'avait pas manqué dans son sketch sur la publicité, de souligner cette surenchère de slogans souvent délirants entre marques de lessives concurrentes. Malheureusement le cadeau disparaît en 1990, suite à une loi stipulant que la prime ne doit pas dépasser un certain pourcentage du prix du produit. Le cadeau Bonux deviendra même une expression populaire, ainsi que cette phrase ô combien énigmatique : Hé.. t'a eu ton permis dans un paquet de Bonux...
De même, la notion de baril à laquelle il est fait référence ici, ne peut solliciter la mémoire des générations les plus jeunes, ce genre de conditionnement ayant disparu à la fin des années 70. Je veux bien sur parler du baril cylindrique et non de la vulgaire boite en carton qui essaie de nos jours d'usurper ce titre de "baril".
Quant à l'évocation des deux barils au lieu d'un, là encore force est d'y reconnaître une référence à cette époque ou la "réclame" diffusée sous le contrôle de la "Régie Française de Publicité" nous donnait des conseils avisés par l'intermédiaire de ménagères (pas encore de moins de 50 ans ?) respectables. "Madame, je vois que vous achetez un baril d'Ariel, si je vous le reprends et que je vous en donne deux d'une autre marque ?"
La brave ménagère répondait invariablement que " non, pas du tout, aux grands dieux, jamais elle ne sacrifierait son baril d'Ariel pour deux autres barils d'une lessive inconnue" Tout ceci au grand dam de la majorité des téléspectatrices qui elles, auraient bien aimé être choisies dans le magasin pour pouvoir accepter cette économie d'un baril de lessive quelle qu'en fut la marque.
En conclusion ces deux phrases échangées sur un parking à midi ont, à bien y réfléchir, été le déclencheur d'une réflexion sur une époque désormais révolue, où les prémices d'une société de consommation balbutiante étaient encore supportables et pour moi une madeleine de Proust tout à fait délicieuse.
Commentaires