Tourisme et remède contre la peste.

Dans l'Hôtel Dieu de Saint Lizier en Ariège, se trouve une très belle pharmacie du milieu du XVIIIème siècle. Elle est faite de boiseries de style Louis XV en bois de fruitiers de ton ambré. Des pots en faïence, ornent les étagères : chevrettes pour les sirops, pots canons, albarelles (pour les poudres et onguents) avec le nom du remède contenu. En plus de ce remarquable ensemble de pots, des bocaux en verre, des objets divers dont une trousse de chirurgie avec tous ses instruments. La pharmacie possède également une vingtaine d’ouvrages du XVIIIe au XIXe siècle concernant la médecine et la pharmacie dont un traité de Nicolas Lémery « Pharmacopée Universelle » qui permet l’identification de certains remèdes que contenait la pharmacie de Saint-Lizier. Ce livre est précieux car il nous apprend aussi comment se soignaient nos ancêtres, avec des extraits de plantes, de vipère, scorpions, crapaud, urine de vache, crottin de cheval et autre poudre d’araignées. Une soixantaine de bouteilles, soufflées à la bouche, portent, en lettres le nom du contenu, souligné par un dessin en jaune et rouge.
Parmi elles, «le vinaigre des 4 voleurs» dont on raconte encore aujourd’hui l’histoire: en 1630 une épidémie de peste touche la ville de Toulouse et décime sa population. Quatre détrousseurs de cadavres sont arrêtés et les autorités ne comprennent pas comment ils ont pu résister à la contagion malgré leur affreuse besogne. Aussi on leur propose, s’ils dévoilent leur secret, de les acquitter de la peine capitale qu’ils encourent. Naturellement ils avouent s’enduire les mains et le visage d’un vinaigre de leur composition qui joue un rôle antiseptique.

Sa recette en est donnée dans un manuel de 1772: «Prenez deux pintes du meilleur vinaigre dans lequel vous mettez infuser des feuilles de sauge, d’absinthe, de romarin, de rue, de lavande, de thym, de la grande menthe, de chacune une petite poignée ; laissez infuser le tout pendant huit jours au soleil ou sur des cendres chaudes, passez-le et faites dissoudre dans la liqueur une once de camphre. Ce vinaigre est un excellent antidote contre la peste et le mauvais air ; on s’en lave le matin la bouche, on s’en frotte sous les aisselles, et on en respire de temps en temps.»







Commentaires

edith a dit…
Cette pharmacie me fait pense à celle des hospices de Beaune qui semble avoir le même âge.
Gravos a dit…
edith : On savait agencer les magasins à l'époque.