Photographies post mortem

Au XIXe siècle, il n'y avait rien de morbide à faire poser ou à prendre la pose au côté d'un membre de sa famille fraîchement décédé. Cette pratique inspirée du memento mori, genre artistique montrant la mort pour mieux rappeler la futilité de la vie, existait déjà sous forme de peinture. Avec l’avènement de la photographie et du daguerréotype au cours des années 1830, elle s'est démocratisée et a connu un véritable boom.Avec la forte mortalité infantile qui sévissait dans l'Angleterre Victorienne (1837-1901), bon nombre de ces clichés mettent en scène des nourrissons et de jeunes enfants. Bien souvent, il s'agit de la seule photo prise par sa famille. Les adultes ne sont pas en reste, et on a même parfois recours à une machine permettant de le maintenir debout, plutôt que de le faire poser allongé dans son cercueil.


Car la plupart de ces photos ont pour but de donner vie une dernière fois au défunt, endimanché et entouré de ses proches, avec les yeux ouverts. Un cérémoniel qui renforce le malaise qu'on peut ressentir en regardant ces portraits post-mortem avec un regard contemporain. Autrefois emprunts de respect et de romantisme, ils nous semblent aujourd'hui vulgaires, dérangeants, glauques. Signe que notre rapport à la mort a bien changé en un peu plus d'un siècle de temps.

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